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Débat : La transition politique en Colombie : entre trahison et réconciliation

Jeudi 20 avril à 19h


Évaluation du processus de mise en œuvre des accords de paix, en compagnie - par skype - d’un délégué du processus de réincorporation des Farc-ep.
Événement organisé par Couleur Paix et animé par Lucas Restrepo, avocat et doctorant en philosophie politique.

Depuis la fin du conflit armé généralisé qui ravageât la Colombie dans les années 50, des amnisties plus ou moins étendues ont été émises en faveur des combattant-e-s insurgé-e-s par les différents gouvernements, ayant comme objectif la pacification du pays. Cependant, dès lors que ces groupes rendaient les armes, des nouvelles violences s’abattaient sur les ex-combattant-e-s, leurs familles et les populations des lieux d’où ils provenaient. Les plus touchés par ces violences étant toujours les populations paysannes, les peuples indigènes et afro descendants. Alors que le gouvernement prétendait à l’époque pacifier le pays par une simple mesure d’amnistie politique, la possibilité d’une intégration de la population exclue par la confrontation se faisait attendre. De même, la dite réconciliation se réduisait à un accord politico-bureaucratique entre élites. L’intellectuel colombien, Alfredo Molano, disait déjà en 1980 que sans une véritable réintégration des populations exclues de manière violente et sans une réconciliation, qui implique la rupture du monopole politique des élites, la paix – garantie par la trahison – se résumerait toujours à l’éternel retour de la guerre.

D’après les Accords de paix signés en décembre au théâtre Colon entre le gouvernement Colombien de Juan Manuel Santos et le groupe armé Farc-Ep dirigé par Timoleón Jimenez, l’horizon de la réconciliation apparait comme le produit d’une série de politiques vouées au surpassement du long cycle de violence en Colombie. Politiques de justice à travers la constitution d’un Tribunal Spécial qui jugera les crimes les plus graves, une Commission de Vérité qui sera chargée d’éclairer de la manière la plus complète possible les spécificités du conflit colombien et, finalement, une vaste politique de réparation en faveur des victimes du conflit. Politiques d’ouverture démocratique dont les points d’appui s’édifient à partir de mesures garantissant l’exercice de l’opposition politique, la participation des expressions traditionnellement exclues et les garanties pour le nouveau parti politique créé par le groupe Farc-Ep. Et, finalement, des politiques de réincorporation des combattant-e-s dans la vie civile et politique, tenant compte du fait que les groups insurgés en Colombie ont mené une lutte qui s’est déroulée principalement dans les parties les plus isolées de la géographie nationale et par les couches les plus pauvres et les plus démunies de la population.

La période actuelle est celle de la mise en œuvre des Accords. Les politiques les plus urgentes sont celles qui devraient garantir la conversion politique des Farc-Ep, l’amnistie en faveur des combattants, ainsi que toutes les mesures permettant leur « réincorporation » sociale et politique, l’établissement de garanties réelles pour l’exercice politique et, finalement, la mise en fonctionnement du Tribunal Spécial et de la Commission de Vérité. Alors que les Farc-Ep se trouvent déjà à mi-chemin du processus de concentration géographique et de désarmement, ces mesures tardent pourtant à se mettre en place et suscitent de nombreux questionnements quant à l’engagement officiel du gouvernement colombien.
Il s’agit là d’une période difficile pour la Colombie. Les nombreuses violences paramilitaires sont une vraie menace pour la réconciliation. Un renforcement des dominations mises en place par le régime actuel peut, dans ces conditions, être envisagé. Pour ces raisons, l’urgence actuelle réside dans l’évaluation collective du processus de mise en œuvre de l’Accord dans la perspective d’un renforcement de l’engagement citoyen en faveur de la paix


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