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Rencontre/discussion avec Odile Henry auteur de "Les Guérisseurs de l’économie. Ingénieurs-conseils en quête de pouvoir" CNRS Editions, 2012, proposée par Repaire de Là-bas si j’y suis

Samedi 20 avril à 17h


Véritables « médecins des affaires », les ingénieurs-conseils évaluent l’état de santé d’entreprises privées comme d’institutions publiques, et proposent des « thérapies » visant à corriger les dysfonctionnements constatés. Mais derrière leur prétention scientifique à l’objectivité, ces diagnostics et remèdes sont autant d’affirmations normatives sur le monde économique. Mis en oeuvre par les dirigeants, ils deviennent même constitutifs des réalités sociales.

À travers une histoire structurale de la profession de consultant et une analyse de l’émergence du management, Odile Henry nous emmène donc au coeur de l’incessant processus de production symbolique et idéologique de l’ordre social.

Placée, dès le début du xxe siècle, au centre de rivalités entre État et domaine civil, imprégnée de saint-simonisme, nourrie des apports conflictuels du taylorisme et de la doctrine administrative, la profession est l’objet d’âpres luttes d’influence. Elle trouve ensuite, dans le régime de Vichy et son nouvel ordre juridique, un « nouvel espace des possibles », éclairant le rôle décisif de l’État dans la constitution de son autorité.
Un grand ouvrage de sociologie historique.

Odile Henry est professeur de sociologie à l’université de Paris 8 et membre associé du Centre européen de sociologie et de science politique

Marc Mousli
Alternatives Economiques
n° 319 - décembre 2012

L’ingénieur du XIXe siècle était un agent de l’Etat. S’il lui arrivait de faire bénéficier un maître de forges ou un réseau de chemins de fer de
son expertise, sa hiérarchie lui demandait d’être très discret. Au début
du XXe siècle, la frontière entre privé et public devient plus poreuse. C’est avec les travaux de deux ingénieurs, Frederick Taylor
et Henri Fayol, qu’apparaît un nouveau domaine de connaissance,
le management. En moins de quarante ans, une profession va naître.
Le métier du conseil est d’abord technique, et dominé par des centraliens et des polytechniciens qui ajoutent très vite l’économie
à leurs compétences. Au milieu des années 1930, ils s’intéressent à la psychologie, et proposent des tests psychotechniques de recrutement. Les années de l’entre-deux-guerres sont marquées par des personnalités fortes. Jean Milhaud, qui crée la Cegos, Ernest Mercier, fondateur de la Compagnie française des pétroles (devenue Total)
et son ami Auguste Detoeuf, patron d’Alsthom, aux idées trop avancées pour ses pairs et notamment pour Louis Renault, réactionnaire et influent. Odile Henry avance que la voie du conseil a longtemps été choisie par d’anciens élèves de grandes écoles qui avaient un compte
à régler avec leur scolarité, et que la profession n’a reçu ses lettres
de noblesse qu’en 1958, quand Jacques Lesourne, major de l’X, choisit de s’y consacrer. Un livre riche qui passionnera les amateurs d’histoire, mais aussi tous ceux qui s’intéressent à un concept peu étudié,
le management à la française.


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