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Proposé par Groupe d’études sur le néolibéralisme et les alternatives (GENA)

Débat : La gauche face à la question nationale : les cas du Québec et de la Catalogne

Mercredi 12 juin 2019 à 19h


Avec la participation de :

Ivan Gordillo
, "économiste de base", co-auteur du livre Soberanías. Una propuesta contra el capitalismo (Zambra / Baladre, 2018), membre du CDR-Paris.

Éric Martin, professeur de philosophie au Québec, auteur de plusieurs ouvrages, dont Un pays en commun, Socialisme et indépendance au Québec (Écosociété, 2017)

Le panorama politique au niveau européne et mondial ne se limite pas à l’opposition des néolibéraux nationalistes et des néolibéraux globalistes. Dans un certain nombre de contextes, des forces politiques de gauche tentent d’articuler l’aspiration à l’indépendance et à la souveraineté et un projet d’émancipation sociale. La gauche française, européenne ou mondiale ne peut évidemment rester indifférente devant ces tentatives et se doit d’interroger ces projets souverainistes et leur portée historique. C’est pourquoi le GENA, dans le cadre de son examen des alternatives possibles au néolibéralisme, vous invite à venir discuter de la façon dont se pose aujourd’hui la question nationale au Québec et en Catalogne.

Présentation des exposés :

Ivan Gordillo
 : "La question sociale et la question nationale sont-elles compatibles ? Le cas catalan"

Après les très mauvais résultats électoraux de la CUP et les Comuns-Podemos on ne peut aborder ces questions sans faire un bilan des expériences municipalistes (ayuntamientos del cambio) qui pour beaucoup d’entre elles ont subi un revers électoral lors des élections de mai 2019. Se trouve-t-on à la fin d’un cycle de mobilisations qui a démarré en 2011 avec la révolte des places du 15M et qui finirait avec la sentence du Tribunal Suprême contre les leaders indépendantistes ?

Derrière la révolte des places du mouvement 15M et le mouvement souverainiste et pour le droit à l’autodétermination, il existe une même revendication démocratique et une volonté de changement des institutions de l’État espagnol. Le plus important maintenant, après la fin du long cycle électoral, est de mesurer à quel point ces mouvements sont capables de se réorganiser et d’influencer le nouveau gouvernement du PS.
 
Un mouvement vraiment souverainiste doit aller au-delà de la question purement formelle des institutions gouvernementales et construire des souverainetés (au pluriel) économique, énergétique, résidentiel, alimentaire, culturel... à partir de la combinaison de l’économie sociale et solidaire, le tissu coopératif, le syndicalisme combatif, le municipalisme alternatif et les mouvement sociaux transformateurs en prenant la mesure des grandes contraintes : l’État espagnol post-franquiste, l’Union Européenne du capital et de l’exclusion, le capitalisme global en crise.

Eric Martin : "Le Québec, République inachevée (ou de la souveraineté au commun)" :
Lors des dernières élections provinciales d’octobre 2018, après des années de gouvernement libéral, le pouvoir a été saisi par la Coalition avenir Québec (CAQ), un parti néolibéral et populiste prônant le la réconciliation avec le fédéralisme canadien. Le Parti Québécois, historiquement porteur du souverainisme, s’est effondré après une longue agonie. La gauche de Québec solidaire (QS) a connu une montée remarquable, passant de trois à 10 députés, mais elle demeure concentrée dans les régions urbanisées ou scolarisées. Le gouvernement Legault a d’emblée lancé un débat passionnel sur la réduction des seuils d’immigration et sur l’interdiction du port des signes religieux. Cette rhétorique populiste de droite lui permet de combiner la mise au rancart de l’indépendance avec des apparences d’affirmation nationale. Cette rhétorique fonctionne parce qu’elle table sur des questions réelles : caractère politiquement colonisé et inachevé du régime politique québécois, processus inachevé de déconfessionnalisation et laïcisation de l’État et de l’éducation, insécurité identitaire et culturelle… La CAQ prétend restaurer la fierté identitaire québécoise tout en laissant intacte les formes d’aliénation économiques et politiques que sont le néolibéralisme et le fédéralisme canadien. À partir d’une relecture du courant indépendance et socialisme des années 1960-1970, nous essaierons de montrer qu’il existe une autre voie pour le Québec, en explorant notamment les travaux du sociologue marxien et libertaire Marcel Rioux, défenseur d’un projet indépendantiste axé sur le socialisme autogestionnaire, une perspective proche de la critique de la logique propriétaire et de l’étatisme centralisateur que l’on trouve dans les travaux sur le commun de Pierre Dardot et Christian Laval. En s’appuyant également sur la théorie de la nation du sociologue Michel Freitag, nous tenterons d’esquisser comment l’idée du commun peut nourrir au Québec un projet socialiste autogestionnaire, décentralisateur, fédératif qui reconnait l’importance de la souveraineté et de la culture sans pour autant rester prisonnier de l’étatisme centralisateur propre aussi bien au Parti Québécois qu’au marxisme « traditionnel ». 


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