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Mardi 24 septembre 2024 à 18h30
Que nous dit la généralisation du paradigme de l’urgence et du (non-)droit d’exception de l’état de nos sociétés et du monde ? Venez en discuter avec Olivier Le Cour Grandmaison, Julien Le Mauff et Eugénie Mérieau.
Racismes d’Etat, Etats racistes : une brève histoire, Amsterdam, 2024
« Racismes d’État, xénophobie institutionnelle ou de même nature, discriminations systémiques engendrées par des politiques publiques ou favorisées par l’absence de prise en compte de leur gravité, ce sont là nos objets. » Depuis un certain nombre d’années, les procès en communautarisme puis en séparatisme se sont multipliés. Procès intentés non plus seulement par les extrêmes droites, mais aussi par des responsables politiques soi-disant modérés et des intellectuels pour disqualifier les études consacrées aux discriminations systémiques. En république, grâce au principe d’égalité, le racisme ne saurait concerner les institutions : prétendre le contraire témoignerait d’outrances inacceptables car dangereuses pour l’unité nationale. L’offensive a pris une telle ampleur qu’il fallait y apporter des réponses précises. Cet ouvrage retrace, entre autres, la genèse de deux concepts – ceux de racisme d’État et d’État raciste – dont il définit aussi les strictes conditions d’application. Soutenir, par exemple, que la xénophobie d’État affecte gravement certaines populations ne revient pas à comparer la France d’aujourd’hui à l’Afrique du Sud de l’apartheid. S’il est nécessaire de se garder de comparaisons hâtives, il est plus que jamais indispensable d’analyser les pratiques réelles, passées et présentes, des régimes dits démocratiques. Il en va de l’efficacité du combat contre tous les racismes et la xénophobie.
Olivier Le Cour Grandmaison enseigne les sciences politiques et la philosophie politique à l’université Paris-Saclay-Évry-Val d’Essonne. Il est l’auteur, notamment, de Coloniser. Exterminer. Sur la guerre et l’État colonial (Fayard, 2005), La République impériale. Politique et racisme d’État (Fayard, 2009), De l’indigénat. Anatomie d’un « monstre » juridique : le droit colonial en Algérie et dans l’Empire français (Zones/La Découverte, 2010), L’Empire des hygiénistes. Vivre aux colonies (Fayard, 2014) et « Ennemis mortels ». Représentations de l’islam et politiques musulmanes en France à l’époque coloniale (La Découverte, 2019).
L’empire de l’urgence, ou la fin de la politique, PUF, 2024
Depuis plus de vingt ans, l’urgence s’est immiscée dans notre quotidien. D’événement en événement, d’attentat terroriste en crise sanitaire, elle ne suspend plus seulement le droit mais aussi la vie collective – sociale et politique – autant que notre existence privée. Face à l’état d’exception permanent dans lequel sont aujour-d’hui plongées les sociétés libérales, Julien Le Mauff mobilise les racines conceptuelles de l’état d’urgence et les travaux de philosophes (Carl Schmitt, Walter Benjamin ou encore Giorgio Agamben) pour éclairer l’extension progressive des mesures d’urgence, les possibilités qu’elle ouvre aux gouvernants, et les droits et les libertés sur lesquels elle empiète. Il entend faire comprendre comment l’urgence, au cœur de la machine étatique, prolonge le processus depuis longtemps amorcé de précarisation des structures sociales et du fonctionnement démocratique.
Julien Le Mauff est historien, docteur en études médiévales. Il a enseigné dans les universités de Paris-Cité, de Lille, et actuellement à l’UCO. Spécialiste de la pensée du pouvoir depuis le Moyen Âge et de l’histoire de la souveraineté, il mène ses recherches aux frontières de la pensée politique, de la philosophie et de l’histoire.
Géopolitique de l’état d’exception : Les mondialisations de l’état d’urgence, Cavalier Bleu, 2024
L’état d’exception semble désormais s’imposer comme la réponse « technique » à tous les défis du XXIe siècle, des pandémies au terrorisme, jusqu’à un état d’urgence environnemental qui ne manquera pas d’arriver. Or, l’histoire enseigne que l’état d’exception est un sas privilégié du passage entre démocratie et dictature. Au travers d’une analyse historique, juridique et géopolitique, Eugénie Mérieau dessine les contours des mondialisations -successives d’un état d’urgence d’abord pensé comme outil libéral de gouvernance coloniale, explorant la manière avec laquelle le « droit global » et ses acteurs s’appuient sur cette notion et sa pratique pour imposer une approche libérale—autoritaire de régulation des rapports de force aux échelles nationale, régionale et mondiale. Ce faisant, l’autrice déconstruit l’ambivalence de la philosophie libérale de l’Etat de droit dans son rapport à l’impérialisme, de Locke à Rawls en passant par Montesquieu, Tocqueville, Mill, Hayek, Friedman, Walzer et quelques autres.
Eugénie Mérieau est politiste et juriste, maîtresse de conférences en droit public à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et membre de -l’Institut des Sciences Juridiques et Philosophiques de la Sorbonne (ISJPS/CNRS). Ses travaux portent sur le constitutionnalisme dans une perspective critique, décentrée, globale et comparée. Elle a notamment publié La Dictature, une antithèse de la démocratie ? 20 idées reçues sur les régimes autoritaires, Cavalier Bleu, 2019, réédité en 2024.
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